Après un mois d’octobre marqué par une hausse de 13,6% du nombre de morts sur les routes, le mois de novembre affiche une nouvelle augmentation de 10,7%, soit une progression de 5 % sur les 11 premiers mois de l’année par rapport à 2013 où la mortalité routière avait été la moins élevée depuis 1948. Rappelons, au passage, qu’en 1950 la France comptait 2,3 millions de voitures contre plus de 38 millions aujourd’hui...

Définitivement, nous avons atteint la limite du « tout répressif » en matière de sécurité routière. Car si la vitesse peut, certes, être un facteur aggravant, peut-être faut-il chercher enfin les raisons pour lesquelles les chiffres de la mortalité sur nos routes n’arrivent plus à diminuer.

Pis encore, les usagers les plus touchés par cette augmentation, sur les 12 derniers mois, sont les piétons (+15%), les cyclomotoristes (+9%) et les cyclistes (+5%). Peut-être, là encore, faudrait-il s’interroger sur la communication qui a été faite, lorsque les prérogatives des piétons ont été renforcées par décret et que leur priorité sur les automobiles a été confortée, car être prioritaire ne signifie pas être imprudent... De même, était-ce une bonne idée de légaliser, toujours par décret, le passage au feu rouge pour les cyclistes, lorsqu’ils tournent à droite, renforçant ainsi un certain sentiment d’impunité ?

La sécurité routière est vue par le petit bout de la lorgnette…
uniquement en frappant toujours plus les usagers au porte-monnaie

Malgré cela, le gouvernement persiste à voir sa politique par le petit bout de la lorgnette, en expérimentant la diminution de la vitesse à 80 km/h et en faisant implanter de nouveaux radars qui flasheront désormais le devant et l’arrière des véhicules. Il est vrai que 38 % des flashs ne peuvent être exploités, par manque de lisibilité de la plaque d’immatriculation, et que cela fait autant de « perte de recettes » pour l’Etat. Et si les recettes prévisionnelles des infractions routières sont en baisse par rapport aux années précédentes, c’est peut-être, aussi, parce que les usagers déjà roulent moins vite…

Mais qu’à cela ne tienne. Pour enrayer la hausse de la mortalité routière, plusieurs mesures inconnues à ce jour mais qui concerneront « vitesse, alcool, drogue, usage du téléphone au volant », seront annoncées en janvier par le ministre de l’Intérieur.

Le répressif a donc de belles journées devant lui.

Pourtant, s’il faut lutter contre les comportements réellement dangereux, contre l’alcool au volant qui est la première cause de mortalité, il n’y a en revanche toujours rien de prévu en termes d’amélioration de la formation, sur l’état des routes,...

8,6 millions d’euros pour les nouveaux radars, est-ce vraiment la priorité ?

Mais il est vrai que pour ceux roulant dans une voiture confortable avec chauffeur et pour qui le code de la route est enfreint sans état d’âme, il est difficile de constater les nombreux points noirs, d’identifier des revêtements usagés qui ne permettent pas de freiner et de négocier les virages en toute sécurité ou ceux, nouveaux, qui éblouissent la nuit par temps de pluie, les bandes au sol effacées ou glissantes pour les motards,... La liste est longue ! 

Rien de tout cela n’est pris en compte. Les forces de l’ordre ne sont pas sur les routes pour faire ralentir et sanctionner ceux qui doivent l’être vraiment… On leur demande au contraire d’être cachées mieux chasser les usagers. Comment ne pas s’interroger d’ailleurs sur le prix des nouveaux radars, de 8,6 millions d’euros rien que pour les 43 qui seront installés l’an prochain, soit 200 000 € l’unité, alors que les policiers et les gendarmes ont un parc automobile dans un état déplorable ?

Ainsi, et plus encore en cette période budgétaire extrêmement difficile, le gouvernement veut plus que jamais frapper le porte-monnaie des usagers de la route. La sécurité routière, la vraie, attendra...

 


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