Il n’aura pas fallu longtemps pour que les promesses du gouvernement volent, encore une fois, en éclats.
À l’automne 2014, le gouvernement soulignait la « rentabilité exceptionnelle » des sociétés concessionnaires d’autoroutes, mise en évidence par l’Autorité de la concurrence dans son rapport publié quelques semaines plus tôt, le 17 septembre. Il clamait haut et fort sa volonté de faire baisser les prix des péages, il devait faire « une remise à plat totale ». Mais la montagne a, comme d’habitude, accouché d’une souris.
Alors qu’il s’agissait enfin d’une possibilité historique de rééquilibrer la situation, le gouvernement a finalement choisi de mettre en place un plan de relance autoroutier avec des travaux d’un montant de 3,2 milliards d’euros. En contrepartie, les concessions des sociétés autoroutières ont été prolongées de 2,4 à 4,2 années, soit une compensation de 4,8 milliards d’euros et donc un gain de 1,6 milliards d’euros aux frais des contribuables et usagers.
Quant au gel des tarifs des péages décrété par le Premier ministre, lui non plus n’aura pas fait long feu...
Si les contrats de concessions précisent que les hausses doivent se monter à 70 % de l'inflation constatée l'année précédente, ce qui aurait dû entrainer un quasi gel pour 2016, c’était oublier qu’en 2012 le gouvernement avait augmenté de 50 % la redevance domaniale que les concessionnaires lui versent pour louer le domaine public. Une hausse qui devait être compensée par une augmentation de 1,5 % des tarifs autoroutiers sur trois ans. Au final, les contribuables paient et les prix sont repartis à la hausse dès février 2016.
Et ce n’est pas tout… Non seulement les prix des péages vont progresser, pour compenser la nouvelle charge imposée par le gouvernement, mais à cette hausse va s’ajouter une augmentation supplémentaire grâce à la nouvelle idée du Président de la République et du gouvernement : un nouveau plan autoroutier qui sera financé par les usagers par le biais d’une nouvelle taxe spéciale pendant trois autres années.
« Elle est belle la pause fiscale du gouvernement ! Il demande aux usagers, accessoirement contribuables, de mettre une nouvelle fois la main à la poche pour financer des infrastructures routières type échangeurs, et annoncées comme étant d'intérêt pour les territoires. Ne lui en déplaise, c’est bien un nouvel impôt ! Il a beau mettre en avant les effets bénéfiques en termes de création d’emplois, il ne fera pas oublier qu’en 10 ans les sociétés d’autoroutes ont supprimé près d’un tiers de leurs effectifs » explique Franck MARLIN.
« Il ne faut pas oublier que ces mêmes sociétés dégagent un bénéfice net de 20 à 24 % par an, selon l’autorité de la concurrence. Le nouveau plan gouvernemental, d’un milliard d’euros, pouvait être compensé par la précédente prolongation des concessions qui lui a rapporté 1,6 milliards, surtout lorsque l’on sait que sur la période 2006 à 2013, ces sociétés privées ont versé à leurs actionnaires 14,9 milliards d’euros de dividendes…
« Comment ne pas réagir lorsque Claude BARTOLONE, le Président de l’Assemblée nationale, se réjouit de cette hausse, trouvant "normal que ce soient les utilisateurs qui paient et pas l'ensemble des ménages". Nous parlons ici d’infrastructures attendues par des collectivités, et donc publiques, financée non pas par l’Etat mais uniquement par les usagers, c'est-à-dire ceux qui utilisent ces routes pour travailler ?
« Localement, cette débauche d’augmentations, fruit de la politique gouvernementale, aura encore des effets néfastes, notamment pour les usagers des tronçons franciliens de l’A10 et de l’A11, qui paient très cher les quelques kilomètres parcourus, mais aussi pour ceux de la RN 20 car cela ne fera qu’inciter les poids lourds à quitter l’A10 à la hauteur d’Artenay pour utiliser cette route saturée par un trafic sans cesse plus important.
« Mais il est vrai que le quotidien des sud-franciliens n’est pas une préoccupation pour la gauche. À l’instar de la Maire de Paris qui est une spécialiste du genre. Entre ses interdictions de circulation dans Paris pour des véhicules qu’elle estime anciens, méprisant ainsi toutes les familles qui n’ont pas les moyens de s’en acheter un autre, et sa décision d’interdire les voies sur berges aux voitures, ce qui va à l’encontre de l’expression démocratique, cela donne une idée de sa vision de l’intérêt général !
« Et puis, comment ne pas être inquiet ? Demander aujourd’hui aux sociétés d’autoroute de prendre en charge de tels travaux publics, n’est-ce pas pour mieux nous annoncer demain que des axes majeurs, comme la Francilienne ou la RN 118 qui relie l’A10 à l’A86, seront privatisés et donc rendus payants ? Il faut que cela change ! »