Le discours de politique générale du Premier ministre, hier, à l’Assemblée nationale, permet de dresser un premier constat : l’heure est déjà aux revirements et aux promesses électorales qui ne seront pas tenues.

Fiscalité et dépenses publiques. La réforme de l’ISF et la taxe à taux unique de 30 % sur les revenus du capital, qui étaient annoncées pour redonner de l’attractivité à notre pays, sont décalées à 2019… au moins.

La suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, un engagement ferme du Président de la République qui suscite de très vives inquiétudes chez les élus locaux mais également chez les 20 % des contribuables restant et les propriétaires de leurs logements qui deviendront une variable d’ajustement sur qui pèseront les hausses d’impôts, est renvoyée à la fin du quinquennat.

Les baisses des impôts, qui devaient intervenir immédiatement, seront finalement étalées dans le temps, sur 5 ans. Autant dire que certaines ne verront jamais le jour.

Seule confirmation, la hausse de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée dès 2018 pour les retraités ayant une pension supérieure à 1200 € pour une personne seule, et seulement 1800 € pour un couple, afin de permettre un gain de 20 € mensuels – avant impôt ! – pour un salarié payé au SMIC.

Les annonces, encore une fois nombreuses, restent floues, principalement sur le mode de financement. Pour ramener le déficit sous la barre des 3 % dès 2017 et faire baisser la dépense publique de trois points de PIB sur 5 ans, il faut déjà trouver 15 à 20 milliards d’euros. Comment ? Sur qui cela pèsera ? Nous n’en savons rien.

Le prélèvement à la source, tant redouté ? Le Premier ministre n’en a pas parlé.

Pas un mot non plus sur la revitalisation des territoires ruraux.

Sécurité et Justice. Rien sur les peines plancher automatiques, la suppression des réductions automatiques de peine, l’abaissement de la majorité pénale, et les sanctions à l’égard de ceux qui contestent en France la laïcité.

Formation. Pas grand-chose non plus sur la formation des jeunes, sur une grande politique en faveur de l’apprentissage. Tout juste a-t-il parlé de "contrats de réussite étudiante" pour les lycéens qui leur "indiquent les prérequis pour réussir dans la filière visée". Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou s’en inquiéter…

Solidarité. Le Premier ministre a souligné que les personnes en situation de handicap, et celles qui les accompagnent, ont droit à la solidarité nationale. C’est vrai, et cela doit être une priorité. Mais pourquoi préciser immédiatement après : "les moyens ne pourront pas être illimités, mais l’énergie que nous y mettrons ne sera pas comptée". Faut-il comprendre que, finalement, nous n’en resterons qu’au stade des bonnes intentions ?

Pourtant les moyens existent. Encore faudrait-il se pencher sur l’accès aux allocations familiales et aux allocations logement qui devrait être soumis à une durée significative de versement des cotisations sociales, sur l’aide médicale d’État, un puits sans fond et sans contrôle qui représente une dépense de plus de 1 milliard d’euros chaque année, un chiffre en constante progression…

De tout cela, il ressort que, pour le meilleur, les Français devront attendre et que, pour le pire, cela commence maintenant.

Avec 8 milliards d’euros de mesures non financées laissée par la précédente majorité que le nouveau gouvernement feint de découvrir, alors que le Président de la République, ministre de l’Economie à l’époque, ne pouvait l’ignorer, l’exécutif reporte à plus tard des promesses qu’il ne tiendra finalement pas.

Pour détourner l’attention des Français, il se focalise sur la représentation nationale tout en portant atteinte à la séparation des pouvoirs, principe fondateur de notre Constitution. En revanche, rien n’est dit sur la réduction des moyens attribués aux ministres de ce gouvernement pléthorique.

Alors que les Maires ont été exclus du Parlement, il est désormais question d’en réduire le nombre. Avec des circonscriptions de plus de 250 000 habitants, le lien de proximité disparaîtra entre les Français et leurs représentants. Les habitants de nos territoires seront seuls, sans personne pour les aider et les accompagner.

C’est d’ailleurs ce qui est recherché : éloigner chaque jour un peu plus les citoyens de leurs élus. Les regroupements de départements, de communes,… que le Premier ministre a appelé de ses vœux le confirme, fidèle en cela à un Président qui aime les grandes métropoles.

Hier, à l’issue des débats, il nous a été posé une question : faisons-nous confiance à ce gouvernement ? Il ne peut y avoir que deux réponses : Oui ou Non. Se soumettre à cette pensée unique que l’on veut nous imposer ou la combattre de manière éclairée.

Comme je l’avais annoncé, ma réponse a été non et j’ai donc voté contre.


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