« Non à de nouveaux radars, oui à l’entretien des routes. Non au racket des usagers de la route, oui à leur sécurité ! ». Voilà, en résumé, la démarche qui anime votre député à l’occasion des discussions budgétaires qui débutent à l’Assemblée nationale.

En effet, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2017, le gouvernement prévoit le déploiement de 364 nouveaux radars (radars fixes, discriminants, de vitesse moyenne et autonomes) pour un montant de 17,5 millions d’euros, auxquels s’ajouteront naturellement d’importants frais d’entretien, de maintenance, de réparation…

Fidèle à ses positions en matière de sécurité routière, privilégiant la prévention, la formation et l’amélioration du réseau routier, il vient de déposer un amendement visant à attribuer le montant de cette enveloppe budgétaire aux collectivités territoriales pour l’entretien des routes. Il a le soutien de la « Ligue de défense des conducteurs », une association qui dénonce la « flash-fiscalisation » et se bat « pour une politique de sécurité routière saine et efficace, faite avec les conducteurs et non pas contre eux ».

« Nous voyons bien que, tout au long de ces dernières années, la sécurité routière est un prétexte à la mise en place de mesures visant toujours à sanctionner et à ponctionner. Preuve en est, l’une des dispositions de la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle, qui oblige les entreprises à dénoncer l’identité des salariés ayant commis une infraction routière avec un véhicule de société sous peine d’amende. Et, dans le même temps, cette même loi dépénalise la conduite sans assurance ou sans permis qui sera dorénavant sanctionnée par des amendes forfaitaires d’un montant minimum de 400 €… Où est la cohérence ? » explique Franck MARLIN.

La vitesse moyenne diminue, la mortalité sur les routes progresse.
Il faut cesser de se focaliser sur la vitesse et les radars.

« La politique du tout répressif a depuis longtemps montré ses limites. Les chiffres de la mortalité sur nos routes sont en progression. Ils étaient en hausse en 2014 et 2015, et sur les 9 premiers mois de l’année 2016 ils ont également progressé. Parallèlement le nombre de radars augmente et, comme l’indique le ministère de l’Intérieur sur la base des chiffres de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, la vitesse moyenne sur les routes a diminué. Il indique également que "les excès de vitesse [de plus de 30 km/h et de plus de 40 km/h] sont désormais très marginaux et ne permettent plus de mesurer les progrès de comportements" (1) . Peut-être alors faut-il chercher ailleurs ce qui explique ces chiffres, et cesser de se focaliser sur la vitesse et, plus encore, sur les radars ? »

Abaisser la vitesse sur la route s’est parfois avéré dramatique

« Certains ont comme cheval de bataille la baisse unilatérale de la vitesse maximale autorisée sur les route avec comme slogan "1 km/heure en moins c’est quatre vies épargnées". Ce slogan est tout aussi fameux qu’infondé scientifiquement. Et ce n’est pas parce qu’il est répété à l’envie qu’il devient vrai !

« D’ailleurs depuis quelques années, plusieurs villes, comme Rennes ou Paris, surfent aussi sur cette tendance de baisser la vitesse de circulation sur leur périphérique, présentée comme la solution miracle en matière de pollution et d’accidentologie. Or le bilan est mauvais, voire dramatique.

« À Paris, en 2015, un an après le passage à 70 km/h, il a été établi que le nombre de tués a augmenté de 75%, l'impact sonore est quasi nul et aucune communication n’a été faite sur une baisse de la pollution, or j’imagine fort bien que si elle avait existé cela aurait été exploité.

« À Rennes, l’expérience visant à abaisser de 20 km/h la vitesse sur la rocade s’est aussi soldée par un échec et la vitesse a été rétablie à 90 km/h en raison de l’allongement des temps de parcours, et, en seulement 7 mois, de l’augmentation du nombre d’accidents de 18 % et de blessés de 14 % !

Le progrès des véhicules : une source majeure de sécurité routière

« On nous rabâche à longueur de temps que c’est grâce à la diminution de la vitesse que le nombre de victimes sur la route diminue, et c’est sur cette base qu’est vendue l’idée de déployer toujours plus de radars. C’est faux, comme je viens de l’expliquer, et ce d’autant plus que jamais il n’est fait référence à l’amélioration de la sécurité des voitures, aussi bien active (ce qui permet d’éviter un accident : l’ESP, l’ABS, l’anti-patinage,…) que passive (ce qui protège les occupants de la voiture lorsque l’accident intervient : les ceintures, les airbags…). Or, dans ce domaine les progrès ont été considérables.

« Aujourd’hui, vous sortez indemne d’accidents dont personne ne serait sorti il y a même dix ans. C’est indéniable, mais personne n’en parle, de même que le nombre de voitures sur les routes qui a fortement augmenté (+ 28 % depuis 1995). L’impact de la vitesse en matière de sécurité routière, et je ne parle pas ici de conduite véritablement dangereuse qui doit en effet être sanctionnée, doit donc être relativisé.

« C’est la mauvaise appréciation des circonstances de la route qui tue. C’est le mauvais entretien des infrastructures routières qui tue » (Jean-Pierre Beltoise)

« Comme le disait mon regretté ami Jean-Pierre Beltoise : "c’est la mauvaise appréciation des circonstances de la route qui tue. C’est le mauvais entretien des infrastructures routières qui tue". Or nous voyons bien que cela n’est pas abordé lorsque l’on nous dévoile de nouvelles mesures.

« Un revêtement dégradé, c’est un allongement considérable du temps de freinage, c’est une voiture qui peut quitter la route même à faible vitesse. Un marquage au sol effacé, c’est la visibilité ou la lisibilité de la route qui disparaît. Les obstacles latéraux, ce sont 30 % des tués, dont 25 % sur les glissières pour les motards. Les obstacles verticaux, comme les arbres au bord des routes ou des piles de pont non protégés, ce sont aussi 30 % des tués. Et je ne parle pas de la somnolence au volant à l'origine de 20 % des tués sur la route et jusqu'à 30% de ceux sur autoroute.

« Ce n’est pas en augmentant le nombre de radars que cela changera quelque chose à cet état de fait. Il faut donc recentrer la politique en matière de sécurité routière sur une priorité : l’entretien des routes.

Le succès de la campagne de soutien à l’amendement illustre le ras-le-bol des Français

« C’est la raison pour laquelle j’ai déposé un amendement visant à stopper cette déferlante de "pompes à flash" en consacrant l’enveloppe budgétaire prévue pour déployer de nouveaux radars aux collectivités territoriales pour qu’elles puissent améliorer le réseau routier. C’est un premier pas, car il faudrait y consacrer beaucoup plus d’argent. Mais c’est une nécessité à l’heure où les dotations d’Etat pour les collectivités ont fondu et qu’elles sont donc contraintes à faire des choix dans leurs investissements.

« Le succès de la campagne de soutien autour de mon amendement organisée par la Ligue de défense des conducteurs démontre combien les Français en ont marre d’être pris pour des vaches à lait. Vous ne ferez croire à personne que 1 km/h retenu au-dessus de 90 ou 110 km/h, qui vous fait perdre 1 point sur votre permis, est la raison pour laquelle il y a autant de morts et de blessés sur nos routes. Surtout quand on annonce que les radars ont généré 789 millions d’euros de recettes l’année dernière…

Il faut avoir la mémoire courte pour proposer l’interdiction des dispositifs d’aide à la conduite. La sécurité routière, c’est sérieux !

« Il faut penser la sécurité routière autrement. Il faut arrêter d’emmerder les usagers de la route au seul motif qu’ils ont besoin de leur véhicule et donc qu’ils peuvent payer.

« Lorsque je vois que d’aucuns remettent sur la table l’interdiction des dispositifs d’aide à la conduite, appelés sciemment "avertisseurs de radars" pour culpabiliser les utilisateurs, on croit rêver, ou plutôt cauchemarder. Il faut vraiment avoir la mémoire courte. D’autres en 2011 ont essayé, et ils en ont aussi payé le prix quelques mois plus tard…

« J’avais d’ailleurs été le premier parlementaire à m’opposer à cette interdiction aux côtés des usagers de la route et des associations comme la Fédération française des motards en colère. Cette très forte mobilisation avait permis de trouver un compromis satisfaisant en remplaçant la localisation exacte d’un radar par une zone de plusieurs centaines de mètres à 4 kilomètres, selon la nature de la route.

« Aujourd’hui, chaque utilisateur de ces dispositifs sait à quel point ils sont utiles, car ils permettent de mieux appréhender la route, que ce soit en matière de vitesse à respecter, qu’en matière de dangers potentiels tels que les ralentissements, des travaux, des objets sur la route, des accidents,… L’Etat d’urgence ne peut justifier une telle interdiction, ni même le fait que cela donnerait des informations aux délinquants ou aux terroristes. Ils ont bien d’autres sources d’informations que Coyote et autres Waze. Si ce n’était pas si grave et si sérieux, cela prêterait même à sourire.

« La lutte contre l’insécurité routière mérite vraiment mieux. Et outre le fait que ce serait à l’évidence une atteinte aux libertés individuelles, que l’on ne peut sacrifier sur l’autel de la sécurité, certains feraient mieux de  se demander si cette nouvelle proposition, encore une fois coercitive, est une priorité pour les Français et pour notre pays… »

 

(1) Annexe budgétaire « Contrôle de la circulation et du stationnement routiers » 2017, page 19.

 


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