C'est un peu comme à l'école des fans : personne n'a vraiment perdu, mais personne n'a vraiment gagné. Sauf que, dans ce cas, il ne s'agit pas d'un jeu télévisé, mais du quotidien de millions de Franciliens vivant à proximité des aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle (Val-d'Oi­se) et Orly. Hier, élus de tout bord et de toute l'Ile-de-France et plusieurs collectifs luttant contre les nuisances aériennes ont annoncé leur envie de ne « pas en rester là ». Ils ont fait un point sur le recours déposé en référé par l'association Cirena et plusieurs communes des Yvelines contre un arrêté ministériel pris le 15 novembre, qui relève-de 300 m l'altitude des avions en atterrissage à Roissy.

Il y a une semaine, tous les collectifs d'Ile-de-France avaient les yeux braqués sur le Conseil d'Etat. Le rapporteur avait en effet abondé dans le sens des plaignants, et pour beaucoup, l'arrêté allait être suspendu. Mais contre toute attente, le Conseil d'Etat a fait connaître sa décision cette semaine.

Elus et associations ne veulent pas baisser les bras

« Il est écrit noir sur blanc que des doutes sérieux se posent quant à la légalité de cet arrêté, détaille Marie­Pierre Maitre, avocate de plusieurs collectifs. Mais in fine, le Conseil d'Etat ne conclut pas à la suspension de l'arrêté. C’est exceptionnel dans la jurisprudence. »

Plutôt que de baisser les bras, élus et associations veulent y voir un signe, même si à l'image de Franck Marlin, député-maire d'Etampes, ils avaient tous « un goût amer ». « Le Conseil d'Etat dit au gouvernement : Attention, votre arrêté n'est pas conforme, prenez le temps de vous remettre autour d'une table pour le modifier », analyse un député des Yvelines. Car ce  référé n'était que la première partie du bras de fer qui oppose l'Etat et la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) aux riverains réunis en collectif. Sur le fond, de nombreuses communes de l'Essonne, comme Etampes et Dourdan, des Yvelines et du Val-d'Oise ont déposé un recours contre l'arrêté relevant les couloirs aériens.

Au départ, il s'agissait pourtant de réduire les nuisances sonores des avions atterrissant à Orly ou Roissy. « Mais cela n'a rien changé pour les 2,5 millions de Franciliens survolés depuis des années, assure Claude Carsac, du Forum contre les nuisances aériennes. Par contre, cela impacte de nouvelles populations jusqu'ici épargnées : Etampes, ­Dourdan, mais aussi dans les Yvelines, le parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse, des communes dans le Val-d'Oise ... Le seul point positif, c'est que tout le monde a compris que, si on veut avoir du poids, II faut avancer ensemble. Nous sommes tous unis désormais. »

Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a signé les arrêtés relevant l'altitude des avions lorsqu'elle était ministre chargée de l'Environnement, a un autre point de vue. « Ce relevé d'altitude correspond à un mouvement initié dans toute l'Europe, rappelle l'élue. Avec ce genre de mesures, il y a toujours des populations plus gagnantes que d'autres. Et c'est toujours ceux qui ne sont pas contents que l'on entend ».

Source : Le Parisien, édition Essonne, 21 avril 2012


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